Le 7 Juillet dernier, nous avons eu le privilège à la LHoFT d’organiser un showcase international sur le secteur de l’Assurance au Luxembourg, dans le cadre de notre série de showcases internationaux développée avec Luxembourg For Finance et divers acteurs de la place financière et de l’écosystème luxembourgeois. Les slides de la présentation peuvent être téléchargées ICI et vous trouverez ci-dessous la retranscription complète de la session avec les Questions & Réponses.
Antony Martini, Engagement Manager, LHoFT Foundation
Bonjour, merci d’être avec nous aujourd’hui pour une session internationale dédiée à l’innovation dans le secteur de l’assurance au Luxembourg. Je vous invite à déposer vos questions dans le chat général et nous essaierons d’y répondre au mieux. Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’accueillir 4 speakers majeurs :
- Marc Hengen est Administrateur-Délégué, Président du Comité de Direction de l’ACA (Association des compagnies d’assurances et de réassurances du Grand-Duché du Luxembourg). Après presque deux décennies d’expérience professionnelle dans le secteur de l’assurance luxembourgeoise, il a rejoint le Comité de l’ACA en 2010. Il est également membre du Comité Exécutif de l’UEL (Union des Entreprises Luxembourgeoises) et d’Assurance Europe.
- Marc Hotton est Coordinateur Innovation du Groupe Foyer. Il intègre le groupe en 2013 en qualité de responsable E-Business. Après 25 ans d’expérience professionnelle dans le digital et la technologie, dont 15 ans au Luxembourg, il crée en 2016 le Hub Innovation à Foyer et devient Coordinateur Innovation.
- Olivier Debeugny est le CEO de Lingua Custodia. Il a fondé Lingua Custodia pour résoudre les problématiques de traduction qu’il a expérimentées au cours de sa carrière dans la finance. Il est ancien Vice-Président chez JP Morgan. Il apporte une forte expérience dans l’implémentation de projets digitaux dans l’assurance.
- Alex Panican, modérateur de cette session et Head of Partnerships & Ecosystèmes à la LHoFT. Avant de rejoindre la LHoFT, Alex était professeur en marketing et stratégie à l’Université de l’UQAM à Montréal, ainsi que serial entrepreneur créant plusieurs sociétés dans le secteur de l’e-commerce. A la LHoFT, il connecte les Fintechs du monde entier avec l’écosystème local et international.
Alex Panican, Head of Partnerships and Ecosystem à la LHoFT
Merci Antony pour cette introduction très dynamique et complète. Bonjour à tous. Merci de nous rejoindre pour cette session spécialement dédiée à l’industrie de l’assurance au Luxembourg. Il s’agit de notre 4ème session après avoir fait des showcases internationaux sur l’asset management, sur le paiement et sur l’industrie bancaire. On souhaitait maintenant s’intéresser à l’assurance, car beaucoup de personnes connaissent le Luxembourg pour sa place financière qui est une des plus importantes dans le monde, mais très peu de gens savent que le secteur de l’assurance au Luxembourg est une plateforme assez incontournable en Europe puisque la majorité des grands acteurs internationaux ont une présence ici au Luxembourg. L’objectif est triple:
- Introduction au secteur de l’assurance au Luxembourg avec l’ACA, l’Association des compagnies d’assurances et de réassurances du Grand-Duché du Luxembourg.
- Présentation des relations entre compagnies d’assurance et startups avec Foyer Group.
- Retour d’expérience du Luxembourg avec Lingua Custodia.
Merci à vous trois d’être avec nous aujourd’hui. Marc Hengen s’il-te-plaît de quoi s’agit-il donc?
Marc Hengen, Administrateur-Délégué, Président du Comité de Direction de l’ACA (Association des compagnies d’assurances et de réassurances du Grand-Duché du Luxembourg).
Bonjour à tous. Merci d’avoir organisé ce webinar et de me donner l’opportunité de présenter le secteur de l’assurance au Luxembourg.
Rapidement les missions de l’ACA:
- Nous faisons du travail de lobbying, de promotion et d’information.
- L’ACA est aussi une organisation patronale donc nous avons à charge de négocier avec les syndicats une convention collective.
- L’ACA offre également un service de médiations dans l’assurance.
- Nous gérons également des incidents qui seraient survenus avec des assurés à l’étranger.
- Nous faisons également des statistiques.
Quelques chiffres clés maintenant de l’ACA:
Nous avons un Board qui est assez large avec 18 personnes.
Nous avons un staff avec 13 personnes.
L’ACA a 4 catégories de membres:
- 51 membres associés: ce sont des membres non-assureurs c’est-à-dire des sociétés ou des personnes qui s’intéressent au secteur de l’assurance telles que les conseillers fiscaux, les Big4, des avocats, des actuaires, etc…
- Nous avons en tout 88 membres à l’ACA qui oeuvrent dans l’assurance.
- 34 qui sont actifs dans l’assurance-vie, l’assurance décès et la gestion patrimoniale dont 33 travaillent sous FOS (Freedom of Service) c’est-à-dire la libre prestation de services signifiant que ces entreprises luxembourgeoises servent des clients qui n’habitent pas au Luxembourg mais qui habitent ailleurs en Europe.
- 37 sociétés d’assurance non-vie c’est-à-dire assurance auto, assurance habitation, responsabilité civile… et dont 27 travaillent à l’étranger et donc ont une libre prestation de services.
Il n’est pas étonnant que parmi ces 34 et 37 sociétés, certaines fassent partie du même groupe. Par exemple, il y a Foyer Vie et Foyer Assurance, qui sont membres de l’ACA, chacun compté à part, bien qu’appartenant au même Groupe (Foyer Group).
Le Luxembourg est aussi une place de réassurance avec 17 membres de l’ACA dont le plus connu est Swiss-Re qui sert ses clients européens depuis le Luxembourg, avec la Direction au Luxembourg.
Donc 139 membres en tout à l’ACA avec des activités très différentes.
2019 est une année, d’un point de vue chiffre, qui est une année importante pour l’ACA et donc pour tout le secteur de l’assurance au Luxembourg. Nous avons connu une augmentation de +186% de primes par rapport à l’année dernière en ce qui concerne l’assurance non-vie, notamment à cause de l’arrivée de 13 nouveaux acteurs qui se sont relocalisés au Luxembourg suite au Brexit. Ainsi, aujourd’hui, le chiffre d’affaires des assureurs luxembourgeois au total (vie et non-vie) dépasse les 40 milliards d’euros. Cette évolution est très importante, et donc cette année, en 2020, ce ne sera pas un chiffre aussi positif que l’année dernière. En ce qui concerne l’activité vie, qui est bien établie au Luxembourg depuis presque 30 ans maintenant, il y a eu aussi une belle progression en 2019 avec un accroissement de 18% pour arriver à un chiffre d’affaires de 28 milliards d’euros encaissé par les entités luxembourgeoises.
Cette slide ci-après est destinée à vous montrer la part d’activités entre des clients luxembourgeois que nous appelons “local” et les clients internationaux. Si nous regardons plus en détail les 41 milliards de chiffre d’affaires, seulement 7% des ce chiffre d’affaires global est encaissé auprès d’une population locale. Ce qui signifie que 93% de ce chiffre d’affaires est réalisé auprès d’une population qui ne vit pas au Luxembourg. Cela montre, sans la moindre équivoque, la caractéristique très internationale du marché de l’assurance luxembourgeois.
Si on prend le secteur de l’assurance-vie plus en détails, et qui fonctionne depuis plus longtemps au Luxembourg, on voit que le premier marché, avec plus de 38% de part de marché, est la France, le deuxième marché est le marché italien avec 25% de part de marché puis suivent sur la troisième et quatrième place le marché allemand et belge. Je précise également qu’en 2019 le UK représentait encore 4% de part du marché mais que cela ne sera désormais plus possible car les UK ne font plus partie du marché européen. La diversité de ces marchés est une des raisons pour lesquelles le marché luxembourgeois est solide et progresse d’année en année.
Enfin, nous avons parmi nos membres des sociétés de tailles très différentes en terme de personnel. Cela va d’entités avec une dizaine de personnes jusqu’à des entités très grandes dépassant les 500 employés, avec toutes les variantes entre les deux.
J’ai terminé. Cela est le tableau global du secteur de l’assurance au Luxembourg, qui compte un très grand aspect international.
Alex Panican, LHoFT
Merci beaucoup Marc pour cette vue très intéressante. Maintenant nous avons Marc Hotton, Coordinateur Innovation du Groupe Foyer avec nous. Marc, notre audience aimerait savoir aujourd’hui comment un assureur travaille au Luxembourg et surtout comment, en tant que Fintech et startup, travailler avec un assureur.
Marc Hotton, Coordinateur Innovation du Groupe Foyer
Foyer est donc un assureur avec presque 100 ans d’histoire, leader historique de l’assurance au Luxembourg. Nous avons 1435 collaborateurs et agents et nous sommes actifs à travers 12 pays européens. Nous allons parler aujourd’hui des collaborations entre grand groupe et startup, et voir quelles sont les spécificités à prendre en compte pour démarrer une collaboration avec un assureur au Luxembourg.
L’innovation chez Foyer est une des 5 valeurs du Groupe. Pour les startups qui nous écoutent, c’est une information qui est utile lorsqu’elles entrent en relation avec une entreprise c’est-à-dire savoir ce que ces sociétés ont mis en place d’un point de vue innovation, savoir aussi donc comment entamer cette relation pour que cela se passe au mieux. Et du côté entreprise c’est aussi utile de partager ce type d’informations, sur ce qui a été mis en place du point de vue innovation. Ce qui est clé dans ces projets et intéractions, c’est la communication. Autrefois, les assureurs avaient pour réputation une certaine lenteur. Mais je peux vous assurer que l’on sait aussi faire les choses rapidement quand toutes les bonnes conditions sont réunies (telles que le plan stratégique, le budget, la réglementation, l’agenda projet ) mais aussi les bonnes personnes impliquées. A titre d’exemple, chez Foyer, nous avons récemment collaboré avec la startup DataRobot, qui une plateforme d’Intelligence Artificielle / Machine Learning. Nous avons réalisé un Proof of Concept (POC) pour valider la solution, on a contractualisé et on a déployé en production. C’est d’ailleurs cette belle histoire de duo Startup / Grand Groupe qui a été retenue pour le Village Awards qui aura lieu fin septembre.
Pour continuer sur le sujet, je me suis souvenu de la première réunion que nous avons faite avec la Task Force Assurance de la LHoFT, créée un peu avant le confinement. L’objectif de cette réunion était d’échanger avec chacune des startups participantes sur les points de blocage qu’elles pouvaient rencontrer avec les compagnies d’assurance notamment. La finalité était de commencer à co-créer ensemble une série de bonnes pratiques permettant de simplifier les échanges et de rendre la collaboration plus efficiente.
Il est intéressant de noter que lorsque l’on parle de collaboration avec les startups, on veut savoir, en tant que Grand Groupe, depuis quand elles existent, quel est leur business modèle, qui sont les membres fondateurs, qui sont les clients et encore mieux si ce sont des clients qui sont dans le secteur financier. Mais il est rare que la discussion inverse se fasse à savoir combien de collaboration le Grand Groupe a eu avec des startups, combien de proofs of concepts ont été réalisés ou mis en production ou même plus simplement est-ce que cette entreprise a mis en place une gouvernance d’innovation et d’open innovation. Je pense en vérité de cette connaissance mutuelle est nécessaire. Il faut être pro-actifs, pour anticiper les besoins et les futurs “irritants”. Mon conseil est: “n’ayez pas peur d’échanger sur les informations pertinentes autant du côté startup que du côté groupe pour collaborer au mieux.”
En 2016 on a créé le Hub Innovation chez Foyer. Il est basé sur un modèle d’innovation collaborative. C’est le garant d’une gouvernance de l’innovation qui s’appuie sur deux piliers principaux et complémentaires que sont l’innovation interne et l’innovation ouverte. L’ambition est d’un côté d’amener tous les collaborateurs à être acteur de l’innovation; et de l’autre de profiter de toute la richesse d’innover avec les startups, les incubateurs, les clubs d’innovation ect… et de s’inspirer des innovations de notre secteur (l’assurance) mais aussi d’autres secteurs et industries car on apprend énormément.
Choisir son modèle d’innovation, c’est vraiment important. Il faut s’inspirer de ce que les autres mettent en place mais ne pas copier. Il faut se mettre dans du sur-mesure. L’innovation que l’on choisit doit correspondre aux attentes et objectifs de l’entreprise.
Je vais mettre l’accent aujourd’hui sur 3 éléments: le positionnement; la culture d’entreprise et l’open innovation.
- Positionnement: l’innovation a besoin de support sinon ca ne fonctionne pas. Chez Foyer, nous avons la chance d’avoir comme premier sponsor notre CEO, Marc Lauer mais aussi tout le Comex. Tous les projets liés à l’innovation fonctionne avec un système de parrainage par des membres du Comex.
- Culture d’entreprise: l’innovation doit faire partie intégrante de la culture d’entreprise. C’est ce qui nous permet chez Foyer d’avoir identifié et mis en place toute une série de rôles clés qui sont là pour soutenir l’innovation (partie droite de la slide). Je suis le premier point de contact chez Foyer pour tout l’écosystème avec les startups et j’ai la chance d’avoir toute une série de collègues qui sont capables de mener à bien des projets de collaboration avec des startups, pour créer des innovateurs et non des innovations. C’est notre ambition.
- L’Open Innovation: c’est très important pour nous et il serait illusoire, et surtout contre productif, de croire que l’on peut bien innover seul. Pour bien innover, il faut innover ensemble. C’est pour cela que nous avons choisi un modèle collaboratif.
Prenons maintenant deux cas concrets:
- La startup qui rentre en lien directement avec l’entreprise. Si vous, en tant qu’entreprise, vous êtes intéressés par ce genre de prise de contact, il faut le communiquer. C’est quelque chose qui fonctionne très bien chez nous maintenant car on l’a beaucoup fait. Il faut être conscient que cela demande du temps, d’où l’importance chez nous d’avoir mis en place un point de contact unique et un processus clair. Cela ne veut pas dire que toutes les startups me contactent directement mais je suis systématiquement mis dans la boucle même si je ne gère pas tous les contacts. Il y a des sujets qui sont très techniques mais je fais le suivi et le reporting de toutes ces relations.
- Deuxièmement, pour l’aspect recherche spécifique de startup, scouting sur des besoins spécifiques (signature électronique, Chatbot, Intelligence Artificielle…) chez Foyer on a fait le choix d’être membre de la LHoFT, du LOIC et plus récemment de Plug&Play. Il y a tellement de startups sur le marché maintenant qu’il était essentiel que nous nous fassions accompagner par des professionnels sur cet aspect. Et cela nous aide aussi sur le volet communication car tous ces partenaires communiquent en mettant Foyer en avant.
Si on devait résumer les ingrédients pour innover, je dirais qu’il y a plusieurs leviers que l’on peut activer que ce soit du côté startup ou du côté entreprise.
- Si on prend le premier aspect, la culture : quelle place donnez-vous à l’innovation dans votre culture d’entreprise, cette petite musique que personne n’entend mais sur laquelle tout le monde danse? Si vos collaborateurs ne connaissent pas l’écosystème startups et les solutions proposées alors cela sera difficile pour eux d’imaginer comment des startups vont pouvoir les aider eux concrètement à innover. C’est à vous de leur donner accès à ces informations. La LHoFT peut définitivement vous aider pour faire cela. Côté startup, vous pouvez aussi aider en proposant des séances d’acculturation. On fait beaucoup cela chez Foyer en animant des sessions en interne mais aussi en externe en faisant venir des startups. Par exemple avec Lingua Custodia, Franck Burlot, le CTO, était venu animer une session sur l’histoire de la traduction automatique et les modèles de Deep Learning. Ce sont des sessions qui ont eu beaucoup de succès et c’est clairement quelque chose que vous, en tant que startup, vous pouvez proposer pour faire entrer les collaborateurs de l’entreprise dans une culture d’innovation.
- Sur le deuxième aspect qui est l’aspect participatif, un conseil pour les startups: organiser des hackathons. A Foyer, nous le faisons beaucoup, et la LHoFT est un partenaire idéal pour le faire. Sur la dimension interne, il est essentiel de communiquer sur toutes vos initiatives d’innovation qu’il y ait des POCs et des mises en production ou pas. Communiquer aussi sur les thèmes sur lesquels vous souhaitez travailler afin de potentiellement donner envie aux Fintech d’initier le contact avec vous.
- Sur l’aspect écosystème, un conseil simple: coller vous le plus possible à l’écosystème. Nous avons la chance au Luxembourg d’avoir beaucoup d’évènements et d’opportunités pour se connecter à cet écosystème. On a même un média à part entière: Silicon Luxembourg qui parle exclusivement de l’écosystème startup. Si je prends le LOIC, c’est un club qui fonctionne très bien, où les responsables Innovation, toute industrie confondue et en toute transparence, échangent sur ce qu’ils font en matière d’innovation.
- Pour la partie “idées”, lorsque nous avons créé à Foyer, le Hub d’Innovation, une des missions principales était de favoriser l’émergence des idées car c’est grâce à ces idées que nous aurons nos futures innovations. En tant qu’entreprise, vous pourriez par exemple lancer une veille d’Open Innovation partagée ou faire participer vos employés à des événements startups. Cela permet d’inspirer vos collaborateurs. En tant que startup, si vous avez des prospects ou des clients qui manquent d’idées, n’hésitez pas à organiser des séances d’idéation avec eux pour leur faire imaginer ce qu’ils pourraient faire avec vos solutions. L’avantage étant que vous pourriez vous aussi découvrir, pendant ces sessions, quelles seraient les nouvelles fonctionnalités que vous pourriez mettre en place.
- Quant à la Gouvernance, c’est assez simple dit comme cela, mais mettez en place une gouvernance, même si cela peut faire peur à certaines personnes de mettre un cadre qui ne serait pas compatible avec le concept même d’innovation. Je ne parle pas d’une gouvernance qui bride mais qui fluidifie les choses, qui responsabilise les gens, et qui permet de rester aussi aligné que ce soit avec la stratégie de l’entreprise ou ses objectifs. Si on prend l’exemple des POCs, un conseil que je pourrais vous donner, c’est soyez transparent autant du côté entreprise que du côté startup, notamment en ce qui concerne les coûts.
Alex Panican, LHoFT
Marc, justement concernant les POCs, nous avons beaucoup de startups qui viennent nous voir, qui sont heureuses de pouvoir travailler avec un Grand Groupe mais qui se pose la question du prix et des coûts. Comment approcher ce point de la part des startups? Est-ce que c’est vous, en tant qu’assureur, qui définissait le prix pour un POC ou la négociation est ouverte?
Marc Hotton, Foyer Groupe
Comme je le disais au début il est déjà très important de savoir à qui vous avez à faire. Si vous arrivez dans une entreprise où la culture de l’entreprise c’est le POC gratuit, et que pour vous cela n’est pas possible, alors ce n’est pas la peine d’y aller. Si c’est un point qui est discuté de suite alors cela ne pose pas de problème. Tout projet est basé sur un ROI, il y a des investissements initiaux qui sont à faire. Donc pour moi c’est un faux problème, il faut juste en parler mais c’est vrai qu’il n’y a pas de régle.
Sinon rapidement quelques chiffres clés depuis que nous avons commencé l’Open Innovation chez Foyer que vous pouvez voir ci-dessous. Sur 257 startups analysées, on a recensé 115 opportunités, on a fait 17 POCs et on a mis 17 projets en production qui ne sont pas tous passés par des POCs.
Olivier Debeugny, CEO de Lingua Custodia
Lingua Custodia est une Fintech dont le siège est basé en France. On crée des moteurs de traduction automatiques spécialisés dans des lexiques bien précis, spécialisés dans le domaine financier (prospectus de fonds, recherche-action …). L’objectif est donc que je vous raconte notre première implémentation, que nous avons faite en dehors de notre pays d’origine, et que nous avons donc effectuée au Luxembourg. Aujourd’hui nous avons 4 personnes qui sont basées au Luxembourg à la LHoFT suite au “Fintech Awards by KPMG Luxembourg et la LHoFT” en Juin 2018. C’est à l’occasion de cet évènement que nous avons rencontré Foyer.
A Lingua Custodia, nous avons l’habitude des Grands Groupes Bancaires et Foyer a été le premier assureur avec lequel nous avons travaillé et pour lequel nous avons développé un moteur de recherches spécialisé pour l’assurance avec la problématique de l’assurance vie et non-vie. Si je peux rebondir sur ce qu’a dit Marc tout à l’heure:
- Premièrement, l’écosystème est super important au Luxembourg. Être sur le podium pour les Fintech Awards nous a ouvert l’écosystème, nous a permis de rencontrer la LHoFT et Michel Etienne du Foyer qui a initié les premières discussions business. Mais nous avons eu d’autres occasions telles que les off-sites corporates de Foyer. Donc être dans l’écosystème permet de rencontrer beaucoup de monde.
- Deuxièmement, et là je me positionne plus en tant que jeune entreprise qui se lance auprès de grands groupes avec notamment leurs labs d’innovation, il est en effet très important de vérifier que l’innovation est bien au coeur des valeurs de l’entreprise. Pour Foyer, c’est vrai. Mais il faut savoir qu’il y a beaucoup de grosses sociétés pour lesquelles ça ne l’est pas forcément. Il y a certains labs d’innovation qui vont essayer pleins de choses, qui vont vous faire perdre beaucoup de temps, qui n’ont pas de budget, ce qui, au final, n’aboutira sur pas grand chose. Donc il est vraiment important de screener cet aspect, car non un POC ne devrait pas être gratuit. Ce qui est gratuit n’a pas de valeur donc c’est un point important. Il faut aussi prendre le temps d’établir la confiance et les relations. Pour détecter s’il y aura un POC et surtout du financement, il faut regarder avec quelle rapidité ils vont nous mettre en contact avec l’équipe business. C’est difficile à décrire mais cela se sent.
Alex Panican, LHoFT
Pourquoi le Luxembourg? Est-ce que tu as des conseils? Est-ce que tu as fait face à des challenges dans ton développement commercial ici?
Olivier Debeugny, Lingua Custodia
Le luxembourg est un choix stratégique très important car nos produits sont dédiés aux institutions financières or tous nos prospects et clients potentiels ont une branche ou un bureau au Luxembourg. Donc nous avons décidé d’ouvrir un bureau au Luxembourg pour y placer toute notre équipe commerciale et notre patron commercial Frédéric Moioli qui est aussi le Directeur Général de notre entité luxembourgeoise. Une fois que l’on est rentré dans l’écosystème au Luxembourg, et si on arrive à acquérir une bonne réputation, ce qui se fait avec le temps, les portes s’ouvrent facilement. Les points de difficultés que l’on peut rencontrer sont ceux que l’on rencontre lorsque l’on ouvre une filiale à l’étranger et pour nous cela a été l’ouverture d’un compte bancaire au Luxembourg. On m’a demandé des choses pour ouvrir un compte bancaire que l’on ne m’avait jamais demandé auparavant comme mes fiches de paie d’il y a 15 ans.
Alex Panican, LHoFT
C’est effectivement un peu challenging parfois mais on y travaille.
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Questions & Réponses
Quentin Brasseur, Taiwan, Participant
Est-ce qu’une startup qui n’est pas européenne et qui est basée à Taiwan est aussi bienvenue au Luxembourg qu’une startup française par exemple? Y’a-t-il des exigences supplémentaires?
Marc Hotton, Foyer Groupe
De notre côté les contraintes réglementaires sont les mêmes pour tous, la due diligence est la même pour toutes les startups donc il ne devrait pas y avoir de problème.
Alex Panican, LHoFT
Oui effectivement que ce soit du côté de l’assurance, du bancaire ou de l’asset management, il n’y pas de différence entre startups européennes ou hors europe. Pour reprendre un peu l’histoire de la LHoFT, nous sommes une fondation publique-privée, notre objectif est vraiment de développer l’écosystème Fintech. Nous incubons 74 Fintech firmes et nous avons aussi 150 membres. La majorité ce des membres sont à l’international de Taiwan, au Canada en passant par l’Afrique du Sud. L’industrie financière luxembourgeoise est définitivement très internationale. En revanche un point, si vous commencez à voir des clients au Luxembourg, il est important que vous soyez présent au Luxembourg, proches de vos clients.
Olivier Debeugny, Lingua Custodia
En fait, venir de France n’est pas forcément un plus grand avantage. Le même sort est réservé à tous. C’est en effet important, si on veut être présent au Luxembourg, d’être vraiment présent c’est-à-dire d’avoir un bureau. Avant que l’on ouvre le bureau, j’ai fait des allers-retours entre Paris et Luxembourg, certes la proximité géographique aide, mais j’y ai été 1 fois par semaine toutes les semaines pendant quasiment un an pour montrer que l’on est volontaire, pour s’intégrer dans l’écosystème. Si on compare avec l’Asie, un pays qui serait assez similaire au Luxembourg serait Singapour où il faut être présent localement.
Olivier, Participant
Ma question s’adresse à Marc de Foyer. Je suis dans le cadre de ma société déjà en relation avec le département Foyer Global Health. Quelles sont les chaînes de valeur que vous désirez “casser” soit côté expérience client assuré ou assureur courtier car soit les assureurs aujourd’hui font du direct, soit ils sont obligés de travailler avec des sociétés de courtage ce qui veut dire de la compliance qui donc amène aujourd’hui à la digitalisation, mais ce n’est pas chose aisée.
Marc Hotton, Coordinateur Innovation du Groupe Foyer
Chez Foyer, on veille à garder l’innovation alignée avec la stratégie. On ne veut pas casser des choses mais apporter de la valeur ajoutée avec l’innovation. Si on prend sur le marché local, si on prend notre réseau d’agents que l’on met en avant, l’innovation passe par là et prend en compte ces prérogatives.
Olivier, Participant
Je comprends que pour tout grand groupe il faut être aligné sur une stratégie globale mais pour connaître beaucoup d’assureurs et de courtiers à travers le monde, il y a souvent un gap entre les actions et la volonté car les “hommes” qui sont en charge de leader cela n’ont pas de profile tech, ne sont pas des “geeks”, ce qui pose de grande difficulté pour avancer et innover.
Marc Hotton, Foyer Groupe
Oui comme je l’expliquais, il s’agit d’être en relation avec la bonne personne.
Olivier, Participant
Oui tout à fait, c’est bien cela.
Alex Panican, LHoFT
Quel type de companie recherches-tu chez Foyer ? Quelles sont les technologies que tu regardes?
Marc Hotton, Foyer Groupe
Il y en a vraiment beaucoup, on scanne très large, notamment avec le COVID19 en ce moment il y a des tendances : plateformes digitales, nouveaux customers. L’Intelligence Artificielle est très importante en ce moment aussi car très prometteur tout comme la Data donc vous pouvez directement me contacter.
Alex Panican, LHoFT
Je finirais par une question dédiée à Marc Hengen. Comment vois-tu le future de l’assurance, notamment au Luxembourg sur les cinq prochaines années?
Marc Hengen, ACA
On a franchit une étape importante l’année dernière avec l’arrivée de nouveaux membres. Il y a également des réassureurs qui s’installent. Donc je vois une place de plus en plus diversifiée, servant de plus en plus l’Union Européenne depuis le Luxembourg.